Quatre pantins articulés entament une ronde cosmique. Janko Domsic déploie une œuvre mystérieuse, haute en couleurs aux forts accents ésotériques. Tracés au compas, les personnages sont construits selon des motifs géométriques de cercles et d’ellipses imbriqués, comme les rouages interchangeables d’un grand mouvement céleste. Ils dansent parmi les planètes. Bras et jambes rayonnent et se chevauchent. Leur visage rond a la forme d’un globe, leur collier de barbe, joliment taillée, est en parfaite symétrie avec leur cheveux gominés. Leurs yeux aux longs cils de poupée sont grand ouverts. Faisant office de nez, le signe du dollar vient perturber ce ballet de jolies marionnettes. Deux lettres tracées sur chaque joue signalent l’importance de ce qui se joue ici. Est-ce une armée aux soldats fantoches qui défile ? Les bras des deux personnages au centre se superposent comme une paire d’ailes à long plumage. La masse des corps est rendue par un entrelacs serré dessiné au stylo. Les multiples superpositions de motifs géométriques créent une forte puissance vibratoire. C’est presque un vitrail sur carton que compose Janko Domsic. D’autres symboles sont tracés à la main. Le coeur, comme sur des cartes à jouer, l’étoile, et aussi des lettres et des mots épars, placés à dessein comme l’alphabet d’un message à déchiffrer. L’annonce « CENTRE EVANGELIQUE » surplombe la scène et semble la présenter. « JEHOVA » est écrit deux fois en lettres majuscules en haut et à droite. Puis la signature de l’artiste « DOMSIC FRANC MACONS DIT YANCO ».

Janko Domsic est fasciné par la franc-maçonnerie : son mystère, son code moral et sa mystique. Il construit ses dessins comme un architecte, au compas, autre symbole maçonnique. La conception structurée du dessin étant toujours associée à une édification spirituelle. Toutes les compositions sont emplies de symboles religieux et politiques, jusqu’à la confusion. Aux symboles, s’ajoutent les mots écrits à l’encre rouge, à la signification tout aussi opaque. On peut lire en bas du dessin : « INDETRÔNABLE » « EAU ADRIATIQUE » ainsi que le nom de l’artiste qui aimait signer aussi sous le nom de « BONSANG ALELUYA DOMCHITCH ». Il le confesse  « Mes écrits sont codés ». Les œuvres insondables et énigmatiques de Janko Domsic figurent dans les plus grandes collections d’art brut, publiques et privées, du monde. La collection d’Art brut de Lausanne en conserve un ensemble très important.