La MGEN, la MATMUT et INTER INVEST ont créé le Fonds de dotation Art Sans Exclusion dont l’objet d’intérêt général est de soutenir les artistes en situation d’exclusion – du fait de leur handicap mental, psychique, de leur trop grand isolement ou situation de précarité -, à travers la constitution d’une collection d’art brut et d’art actuel. Cette collection comprend des œuvres d’artistes déjà présents dans les grandes collections publiques ou privées : MNAM-Centre Pompidou, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille-Villeneuve d’Ascq (LaM), Collection d’Art brut de Lausanne….et des artistes découverts par l’association Egart.

La collection Art Sans Exclusion Art Sans Exclusion a été élaborée par un comité d’experts du monde de l’art et les membres du Fonds. L’experte en art contemporain et art brut Françoise Adamsbaum a été nommée responsables des acquisitions.
Cette collection a pour vocation de circuler en France et à l’étranger, mise à disposition des institutions culturelles, des collectivités territoriales, des mutuelles ou du monde de l’entreprise.
Elle comporte aujourd’hui plus d’une centaine d’œuvres et continue de s’enrichir au fur et à mesure des campagnes d’acquisitions avec l’appui de l’association Egart-Pour un égal accès à l’art. Mandatée par le Fonds de dotation, Egart est opérateur direct de ce projet et s’appuie sur l’expertise de professionnels du monde de l’art.

La collection entend occuper un espace de débat entre le champ du monde de l’art contemporain et des institutions culturelles, et celui de la prévoyance, de l’entreprise, de la santé, du monde médico-social. Média à part entière, l’exposition permet aux fondateurs du Fonds de dotation Art Sans Exclusion de développer une action pérenne auprès :
• Des institutions culturelles en informant ses différents acteurs de la création d’une collection de haut niveau avec des partis pris affirmés et dans la perspective de créer à terme des partenariats autour notamment de l’itinérance, mais aussi de chantiers intellectuels (coproduction d’ouvrages de référence sur les artistes femmes, monographies d’artistes en lien avec des Labex universitaires, par exemple) ;
• Du grand public en proposant une approche croisée art brut/art actuel/art-thérapie, dans une perspective à la fois de haut niveau de sélection des œuvres, mais aussi de clarté du propos, – angle pédagogique et décodage – , sous une forme accessible à tous via l’audiodescription des oeuvres et une transcription des textes de présentation en FALC.
• Des responsables dans les domaines de la prévoyance, de la santé, des centres médico-sociaux, des familles, mais aussi d’art-thérapeutes, pour permettre la mise en évidence des bonnes pratiques avec une attention particulière accordée à la question du droits d’auteur des artistes en situation de handicap mental ou psychique, en grand isolement ou précarité.

La collection est constituée :
• Pour une part d’œuvres d’artistes français représentés par l’association Egart – Pour un égal accès à l’art, comme Gaël Dufrène – entré dans la Collection d’Art brut de Lausanne (Suisse) en 2018 et dans la collection Treger-Saint-Silvestre (Portugal) -, Leila Delasalle, François Peeters, Hélène Fontana, Jérôme Turpin, Claire Lancien, Grégoire Koutsandréou, Sébastien Proust, Simon Le Fur, Christophe Baudouin, Guillaume Chocu, Sonia Lawniczak, Edouard Cohen, Beatrice Dromas…
• D’œuvres d’artistes d’art brut, vivants, français et étrangers : André Robillard, Michel Nedjar, Marilena Pelosi, Susan Janow, Josef Hofer… déjà représentés dans les grandes collections : Musée d’art contemporain de Lille-Villeneuve d’Ascq-LaM, collection d’Art brut de Lausanne, collection Antoine de Galbert, collection La Fabuloserie, collection abcd…
• D’œuvres historiques d’artistes de l’art brut représentées dans les collections internationales – Gaston Chaissac, Anna Zemànkovà, Janko Domsic, Thérèse Bonnelalbay, Jean Pous, Josef Hofer, Madge Gill, Ezekiel Messou, René Guisset, Anselme Boix-Vives… Le Fonds ne s’interdit pas d’élargir ponctuellement la collection à des artistes contemporains au-delà du champ premier de référence, avec par exemple en 2018 l’acquisition de deux œuvres sur papier de l’artiste suisse Miriam Cahn ou d’Ody Saban en 2020. Par ailleurs, une place importante est donnée aux artistes femmes.

L’intention est de s’affranchir des catégories, donner la priorité à l’œuvre et à sa découverte en proposant des confrontations entre artistes inconnus découverts par Egart, grands noms de l’art brut et de l’art actuel. Le champ de l’art brut est devenu un objet de recherche critique et muséographique à part entière.

Depuis la première orthodoxie posée par l’artiste Jean Dubuffet, inventeur du concept en 1945 pour définir la création par des personnes selon lui “indemnes de toute culture artistique”, les parcours de ces créateurs sont mieux connus. Si la force de leurs œuvres demeure intacte, une partie du mystère qui les entourait – souvent lié à leur origine asilaire, médiumnique – s’estompe. Lors de l’ouverture de la première collection publique française d’art brut au Musée d’art contemporain de Lille-Villeneuve d’Ascq-LaM en 2010, on découvrait que plusieurs d’entre eux, comme Adolf Wölfli par exemple, avaient le souci de leur œuvre et souhaitaient faire carrière (Savine Faupin…). “Il n’y a pas un, mais plusieurs chemins de l’art brut” (LaM, 2002). Des chemins qui passent par le surréalisme et André Breton, l’expressionnisme du groupe CoBra, et les artistes plus souterrains, mais non moins solaires, venus de l’art populaire, l’art naïf, l’art singulier et l’art hors norme. « Les critères de Dubuffet sont très insuffisants et dépassés aujourd’hui” prévenait déjà l’historien d’art Laurent Danchin (L’art brut aujourd’hui, magazine Artension, 2010). D’autant que nombre d’artistes contemporains – d’Arnulf Rainer à certains artistes issus du monde du graffiti –, par ailleurs collectionneurs, reconnaissent ce qu’ils doivent à cet art cru et sauvage.

La collection a été inaugurée à Paris le 15 mars 2018 au siège de la MGEN sous le parrainage du ministère de la Culture et du secrétariat d’État aux Personnes Handicapées.