La catastrophe est imminente… La fin n’est pas loin… Prophète ou super-héros, le visage d’un homme couronné à la posture solennelle nous fait face. Regard intense, moustache fine, bouc bien taillé et impressionnant casque d’or, il nous apostrophe. Autour de ce lanceur d’alerte, plusieurs bulles de texte comportent des messages manuscrits en anglais. Références à des royaumes, à des pêcheurs devant l’éternel, à des menaces de jugements sévères et de ruines. Tout semble prévenir d’un danger et annoncer une chute imminente.
Au verso, une composition encore plus complexe d’éléments graphiques et textuels. En haut, trois cases, à la manière de bande dessinée, rapportent les visions du prophète. Une femme au regard dur, un enchevêtrement de routes et une voiture démarrant en trombe dans un nuage de fumée. En dessous, un calendrier dessiné à la main, saturé de couleurs, de textes, de chiffres et de symboles. Certaines cases mêlent insultes et références bibliques. De la saturation de cet espace émane un sentiment d’urgence et de détresse.
Fortement marqué par le départ de sa femme, Prophet Royal Robertson alerte à travers ses dessins de l’imminence d’une fin du monde provoquée par une conspiration féminine. Il combine numérologie personnelle et versets bibliques pour étayer ses prophéties apocalyptiques, teintées de paranoïa, de mysticisme et de théorie du complot dans un graphisme haut en couleur rappelant tant l’univers des comics, bande dessinées américaines, que celui des enseignes commerciales qu’il peint pour gagner sa vie.
Ses œuvres fascinantes sont présentes dans de nombreuses collections, dont celle du Smithsonian Museum of American Art, du Folk Art Museum de New-York, de la Collection de l’Art Brut de Lausanne, et du Centre Pompidou musée national d’art moderne à Paris.
L'œuvre est un lieu tout à la fois tragique et poétique, traversé par les événements historiques ou les grands récits universels.
L'univers dessiné d'Amine Benchat prend sa source dans les multiples influences qui ont façonné la culture marocaine, notamment visuelle, de l'écriture aux arts décoratifs ou à l'architecture. Ody Saban développe une œuvre poétique en perpétuelle métamorphose comme des fragments de mondes rêvés, de civilisations perdues et de mythes ancestraux. Les dessins, peintures et films de Michel Nedjar permettent d'appréhender les thèmes qui sous-tendent l'ensemble de son univers, l'enfance et le primitivisme, la vie et la mort, la magie et le voyage. Livio Sapotille est nourri de culture Caraïbes. Dans ses dessins, les réminiscences du vaudou se mêlent à sa passion pour la faune aquatique de Basse-Terre. Les dessins de Marilena Pelosi, née au Brésil, sont empreints de références au sacré. Ses personnages miment un théâtre de la cruauté traversé de transes, d'exorcismes, de processions religieuses et de carnavals, souvent dans les larmes et le sang. Louis Liquard invente la saga «Vortex City» sous forme d'une bande dessinée inspirée par les écrivains H.P. Lovecraft ou E.A. Poe, les auteurs de science-fiction, de jeux vidéo de la Dark Fantasy... Celui qui se fait appeler Prophet Royal Robertson dénonce sur des cartons de même format, les ravages de l'adultère, de la prostitution ou de la drogue en s'appuyant sur des formules numérologiques inventées qu'il mêle aux versets de la Bible.
Se promener dans la salle d’exposition comme dans un vrai musée, découvrir peintures, dessins et sculptures en 3D et écouter le conférencier présenter les cinq thèmes de la collection. Voilà ce que la galerie Art Sans Exclusion vous invite à vivre.