Cubes, cylindres, prismes, tous les dessins de cette série présentent des lignes et des volumes géométriques tracés de façon extrêmement fine et nette, en noir sur fond blanc. Ces formes se juxtaposent, se croisent et s’interpénètrent. Les blocs se superposent et se connectent, formant des ensembles complexes. La perspective est par endroits légèrement déformée, donnant l’impression d’une construction qui n’obéit pas directement aux règles architecturales réelles mais à une logique plus imaginative. Parfois, des lignes courbes s’échappent de la structure, contrastant avec la rigidité des formes rectilignes. Ces lignes donnent ça et là de l’énergie et du mouvement. À plusieurs endroits, de petites inscriptions encadrées identifient certains éléments de la structure. Mais les textes de ces légendes sont indéchiffrables. Véritables langages codés, ces suites de consonnes imprononçables amplifient le mystère autour des objets plutôt qu’ils ne les expliquent.
Chacune des œuvres de cette série évoque un plan ou un dessin préparatoire modélisant un objet technique ou une architecture. Le contraste entre l’allure fine et précise du dessin technique et la dimension imaginaire des perspectives et des légendes suggère une réflexion sur le langage, la forme et l’espace. Simon Le Fur joue avec le concret et l’abstrait, le probable et l’impossible. Il témoigne aussi d’une pure jouissance de la ligne. Ce qui me plaît là-dedans, c’est tracer des formes, dit-il. Certains de ces dessins ont été présentés au sein d’une exposition d’art brut et d’art actuel qui s’est tenue au centre culturel de Maligne en Belgique à l’initiative du studio Borgerstein. 4 suites de dessins ont été acquises par le Fonds Arts Sans Exclusion en 2020 et 2023, dont une longue série aux crayons et en couleurs.
L'artiste met au point un processus de fabrication précis dont l'œuvre va garder la trace. Celle de la main qui fait et celle du mode opératoire.
Gaël Dufrène part d'un premier modèle qu'il dessine, l'agrandit souvent. Il assemble parfois plusieurs vues qu'il retravaille en couleur. La légende fait partie intégrante du dessin. Anna Zemánková découpe papiers et tissus, parfois ciselés en relief, et crée d’étranges et complexes structures végétales. ACM crée une œuvre en expansion à partir d'éléments de métal récupérés, oxydés et assemblés. Les modules dessinés par Simon Le Fur sont répartis sur la feuille comme des sculptures dans un espace d'exposition avec certaines réminiscences du geste du graffeur qu'il fut, au début de sa pratique. Jill Gallieni dessine à l'encre des formes imbriquées qui prolifèrent comme des bulles de paroles incantatoires. Les variations de couleurs structurent l'espace. Wytze Hingst compose des séries de dates, heures et codes, parfois combinées à des lettres. La surimpression de plages de couleur produit des mouvements visuels à haut pouvoir poétique. Chez Hélène Fontana, le motif du visage humain est multiplié à l'infini, tout comme celui des objets, lunettes, chaussures, chapeaux... Une façon de signifier en creux l'absence et la disparition. Mécanicien, Ezékiel Messou, trace à même les murs, puis sur des cahiers d'écolier, le schéma des machines à coudre qu'il doit réparer, comme une collection dessinée. Béatrice Dromas a choisi la technique du collage, comme avec la série des Cœurs - râpé, pressé, épinglé - pour rendre compte de la violence des émotions, ou la série Dissociation, par une approche fractionnée du réel.
Se promener dans la salle d’exposition comme dans un vrai musée, découvrir peintures, dessins et sculptures en 3D et écouter le conférencier présenter les cinq thèmes de la collection. Voilà ce que la galerie Art Sans Exclusion vous invite à vivre.