Architecture sacrée ou arc céleste ? Voûte de mosquée ou courbure du ciel ? Un monticule de formes obscures vibre et s’envole. Le dôme au sommet arrondi n’est pas plein mais composé d’éléments aérés, briques dansantes et légères comme aspirées vers le ciel. Chaque brique du pavage, tracé d’un seul geste énergique, frémit et contraste fortement avec la luminosité calme du fond. Dans un jeu subtil d’ombre et de lumière, les pavés épais et clairsemés de la base, rétrécissent autant qu’ils s’accumulent en s’élevant. Tous semblent s’agglutiner dans un mouvement irrépressible d’ascension.
A partir d’éléments simples et stylisés – la ligne, le point, la spirale – certainement influencés par l’art islamique et la mystique soufie, Najia Mehadji explore le potentiel universel et spirituel du geste et de la forme. Ses œuvres s’appuient sur une gestuelle fluide proche de la calligraphie. Les formes ondulent, vibrent, tournoient et s’élèvent, en connexion avec les grands mouvements cosmiques, dans une expansion infinie. Le rythme et l’harmonie sont au cœur de son expression. Chaque dessin est une méditation, une respiration, une prière, une communion. Il semble être l’émanation directe du « nafas », souffle vital reliant l’homme au divin.
Les œuvres de Najia Mehadji sont présentes dans de nombreuses collections publiques muséales dont celles du Centre Pompidou Musée National d’art moderne et de l’Institut du Monde Arabe à Paris, ainsi que dans la collection de la Société Générale, de la Fondation ONA et de l’Attijariwafa Bank à Casablanca.
Ut pictura poesis
Comme dans les haïkus, ces petits poèmes puissants et brefs, l'artiste développe une œuvre vibrante qui célèbre l'évanescence des choses.
La haute montagne de Najia Mehadji se désagrège et tombe en flocons. Seule demeure une poussière céleste. René Guisset construit un carrousel comme une stèle à la vie quotidienne d'un monde rural disparu. Anselme Boix-Vives, poète mystique, peint une ode à la nature et le petit peuple mi-humain, mi-animal qui y a trouvé refuge. Comme dans un songe, les visages et les plantes hybrides de Thérèse Bonnelalbay s’évaporent. Seule demeure une trace légère, une graphie secrète. Sonia Lawniczak fait surgir sur la toile ou la feuille des vues de villes à la dérive, évocation de pays rêvés ou parcourus. L'œuvre d'un Grégoire Koutsandréou est une promenade au cœur de territoires imaginaires. Guillaume Chocu invente un monde de silence où les êtres se meuvent en apesanteur. Jean Pous grave les figures d’une humanité heureuse, en osmose avec la nature.
GALERIE INTERACTIVE
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