L’été est terminé. Sur un fond mauve, éteint, de fin de journée, deux tournesols sont loin de leur éclat habituel. Dans des teintes sombres et automnales, leurs pétales tombent et se replient, leurs feuilles pendent mollement et se recroquevillent sur elles-mêmes. Seul le cœur d’une des fleurs, évoque par ses tons chauds la splendeur estivale passée. En contrepoint, les lignes fines des tiges, droites et élancées, créent un contraste avec les formes souples et flétries des fleurs et des feuilles. Nostalgie et mélancolie émanent de l’ensemble.
A travers cette représentation poétique du cycle de la vie, figée dans un moment de transformation et de déliquescence, Sonia Lawniczak évoque le temps qui passe et le caractère inévitable du processus de dégradation. Ces tournesols, tête baissée, fanent, se désagrègent et s’effacent peu à peu du monde.
Sonia Lawniczak prend cette fleur à rebours. Le tournesol, est une fleur majeure de l’histoire de l’art. Héliotrope et rustique, elle évoque l’été, la lumière, la chaleur. Pour Vincent Van Gogh, elle symbolise la gratitude. Pourtant ici, dans cette ambiance froide et nocturne, elle est aux antipodes de ce qu’on attend d’elle. C’est sur sa finitude qu’insiste Sonia Lawniczak. Mais peut-être aussi sur l’espoir d’une prochaine germination, d’une future génération. L’artiste est lauréate EgArt 2020.
Les œuvres de Sonia Lawniczak
Ut pictura poesis
Comme dans les haïkus, ces petits poèmes puissants et brefs, l'artiste développe une œuvre vibrante qui célèbre l'évanescence des choses.
La haute montagne de Najia Mehadji se désagrège et tombe en flocons. Seule demeure une poussière céleste. René Guisset construit un carrousel comme une stèle à la vie quotidienne d'un monde rural disparu. Anselme Boix-Vives, poète mystique, peint une ode à la nature et le petit peuple mi-humain, mi-animal qui y a trouvé refuge. Comme dans un songe, les visages et les plantes hybrides de Thérèse Bonnelalbay s’évaporent. Seule demeure une trace légère, une graphie secrète. Sonia Lawniczak fait surgir sur la toile ou la feuille des vues de villes à la dérive, évocation de pays rêvés ou parcourus. L'œuvre d'un Grégoire Koutsandréou est une promenade au cœur de territoires imaginaires. Guillaume Chocu invente un monde de silence où les êtres se meuvent en apesanteur. Jean Pous grave les figures d’une humanité heureuse, en osmose avec la nature.
GALERIE INTERACTIVE
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