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Prière. Série « Rita » ♣

Jill Gallieni

Prière. Série « Rita » ♣

Encre sur papier, signé au dos, 24x15,50 cm
Circa 1990. © Photo P. Bouvier
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description

Hypnotisé, l’œil se perd dans les mailles d’un filet. Une maille d’encre formée de motifs organiques et dynamiques, boucles et petits entrelacs colorés et cloisonnés. Comme dans une mosaïque, les couleurs alternent par zones et se juxtaposent en formes ondulantes et tourbillonnantes. Les boucles sont fines et nombreuses, créant une texture dense et vibrante sur l’ensemble de la page qu’elles recouvrent. Le tout donne une impression de textile dont les fils noués en maille de filet rappellent aussi la peau écaillée d’un serpent. La répétition du motif et le rythme des couleurs indiquent une implication concentrée, une psalmodie graphique et silencieuse. Ainsi le maillage est peut-être aussi chapelet…

Selon un rituel précis, Jill Gallieni produit ses dessins de façon sérielle et simultanée. Elle les nomme « prières », et chaque motif, à l’intérieur même du dessin, est une invocation, une supplique, une espérance, une prière en soi. Ainsi, l’entrelacs dessiné préserve l’intimité de la prière. Et parce qu’elle n’est pas lisiblement exprimée avec des mots, ce langage codé protège aussi le secret de la pensée.

Plusieurs centaines de ces prières sont ainsi destinées à Rita, sainte des causes désespérées dont l’intercession est souvent recherchée par ceux qui font face à des épreuves en apparence insurmontables. Une autre série est dédiée à la vierge Marie.
Le travail de dévotion de Jill Gallieni est conservé au LaM, musée d’art contemporain, d’art moderne et d’art brut de Lille-Villeneuve d’Ascq, au MAHHSA-Collection Sainte-Anne, au musée Art et Marges à Bruxelles, à la Fabuloserie à Dicy, au Musée Jean Lurçat à Angers et à la Collection de l’Art Brut de Lausanne.

Les œuvres de Jill Gallieni

La mécanique de l’art

L'artiste met au point un processus de fabrication précis dont l'œuvre va garder la trace. Celle de la main qui fait et celle du mode opératoire.

Gaël Dufrène part d'un premier modèle qu'il dessine, l'agrandit souvent. Il assemble parfois plusieurs vues qu'il retravaille en couleur. La légende fait partie intégrante du dessin. Anna Zemánková découpe papiers et tissus, parfois ciselés en relief, et crée d’étranges et complexes structures végétales. ACM crée une œuvre en expansion à partir d'éléments de métal récupérés, oxydés et assemblés. Les modules dessinés par Simon Le Fur sont répartis sur la feuille comme des sculptures dans un espace d'exposition avec certaines réminiscences du geste du graffeur qu'il fut, au début de sa pratique. Jill Gallieni dessine à l'encre des formes imbriquées qui prolifèrent comme des bulles de paroles incantatoires. Les variations de couleurs structurent l'espace. Wytze Hingst compose des séries de dates, heures et codes, parfois combinées à des lettres. La surimpression de plages de couleur produit des mouvements visuels à haut pouvoir poétique. Chez Hélène Fontana, le motif du visage humain est multiplié à l'infini, tout comme celui des objets, lunettes, chaussures, chapeaux... Une façon de signifier en creux l'absence et la disparition. Mécanicien, Ezékiel Messou, trace à même les murs, puis sur des cahiers d'écolier, le schéma des machines à coudre qu'il doit réparer, comme une collection dessinée. Béatrice Dromas a choisi la technique du collage, comme avec la série des Cœurs - râpé, pressé, épinglé - pour rendre compte de la violence des émotions, ou la série Dissociation, par une approche fractionnée du réel.

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