Voici les essentiels pour une pluvieuse journée d’automne. Sur un fond vierge, trois objets du salon sont dessinés. En haut de la page, un plaid douillet, tissé à petits coups de pinceaux, avec des franges sur son pourtour, dessine une maille épaisse, duveteuse. Au milieu de la feuille, une bougie est prête à être allumée dans son pot en verre, le couvercle posé à côté. En bas de la page, un divan deux places aux larges accoudoirs et agrémenté d’un moelleux coussin de couleur vive n’attend que d’être occupé.
Béatrice Dromas met de l’ordre dans une réalité ordinaire difficile à appréhender. Comme lorsque l’on reprend pied après un choc ou une perte de repères. Ce travail, exécuté dans le cadre d’un suivi avec une art thérapeute et un psychiatre, est un exercice pratique visant à gérer la dissociation traumatique. Dans cette approche méthodique du réel, chaque objet du quotidien, de la trousse de toilette à la radio, est saisi, dessiné, intégré, organisé. Dix œuvres sur papier de cette série intitulée « Dissociation » ont été acquises par le Fonds Art Sans Exclusion en 2023. Béatrice Dromas est lauréate EgArt 2020.
Cœur pressé ♣
Coeur rapé
Série dissociation. Ici et maintenant. Tableau 2. Trois objets du salon ♣
Série dissociation. Ici et maintenant. Tableau 7. Escalier gris coloré, nouvel essai
Série dissociation. Ici et maintenant. Tableau 10. Trousse de toilette
Série dissociation. Ici et maintenant. Tableau 4. Escalier gris coloré
Serie Dissociation. Ici et maintenant. La radio
L'artiste met au point un processus de fabrication précis dont l'œuvre va garder la trace. Celle de la main qui fait et celle du mode opératoire.
Gaël Dufrène part d'un premier modèle qu'il dessine, l'agrandit souvent. Il assemble parfois plusieurs vues qu'il retravaille en couleur. La légende fait partie intégrante du dessin. Anna Zemánková découpe papiers et tissus, parfois ciselés en relief, et crée d’étranges et complexes structures végétales. ACM crée une œuvre en expansion à partir d'éléments de métal récupérés, oxydés et assemblés. Les modules dessinés par Simon Le Fur sont répartis sur la feuille comme des sculptures dans un espace d'exposition avec certaines réminiscences du geste du graffeur qu'il fut, au début de sa pratique. Jill Gallieni dessine à l'encre des formes imbriquées qui prolifèrent comme des bulles de paroles incantatoires. Les variations de couleurs structurent l'espace. Wytze Hingst compose des séries de dates, heures et codes, parfois combinées à des lettres. La surimpression de plages de couleur produit des mouvements visuels à haut pouvoir poétique. Chez Hélène Fontana, le motif du visage humain est multiplié à l'infini, tout comme celui des objets, lunettes, chaussures, chapeaux... Une façon de signifier en creux l'absence et la disparition. Mécanicien, Ezékiel Messou, trace à même les murs, puis sur des cahiers d'écolier, le schéma des machines à coudre qu'il doit réparer, comme une collection dessinée. Béatrice Dromas a choisi la technique du collage, comme avec la série des Cœurs - râpé, pressé, épinglé - pour rendre compte de la violence des émotions, ou la série Dissociation, par une approche fractionnée du réel.
Se promener dans la salle d’exposition comme dans un vrai musée, découvrir peintures, dessins et sculptures en 3D et écouter le conférencier présenter les cinq thèmes de la collection. Voilà ce que la galerie Art Sans Exclusion vous invite à vivre.