La mine tourne, fait des boucles, des spirales, passe et repasse. Comme pour noircir la feuille d’un tourbillon nerveux. De cet amas de lignes enchevêtrées, surgit un être spectral. Un être qui semble être fait de fils de fer. On reconnaît un visage, nez, bouche et yeux vides grands ouverts. L’esquisse d’un torse apparaît aussi. Né d’une tornade de graphite, jaillissant d’une fumée de plomb, l’être sombre a tout du mauvais génie. C’est une énergie obscure, une force surgie des profondeurs, mais qui semble presque esquisser un sourire.
Claire Lancien emploie un mode opératoire très proche du dessin automatique. Elle dessine sa Tornade d’un seul élan, « sans lâcher le crayon», dit-elle. Pas de croquis préalable. La mine de plomb voyage ainsi sur la feuille et l’artiste atteint un état qu’elle qualifie de « semi-conscience». Ce lâcher-prise lui permet de frayer avec l’inconscient dans sa dimension universelle. Des figures angoissées, reflets de nos peurs les plus intimes, apparaissent alors. De ces faces expressives naît le sentiment d’inquiétante étrangeté et de troublante familiarité aussi. Ces portraits intérieurs, croqués dans la veine du courant artistique de l’Expressionnisme, nous forcent à les regarder en face. Selon les mots de l’artiste, « chacun peut y retrouver une part de lui-même ». Les dessins de Claire Lancien ont été exposés au musée Art et Déchirure près de Rouen et au Musée d’art différencié à Liège en Belgique. Claire Lancien est soutenue par l’association EgArt depuis 2018.
L'artiste projette sur la toile, la feuille blanche ou des supports de fortune sa perception du réel. L'œuvre devient une fenêtre ouverte sur son monde intérieur.
Madge Gill dessine inlassablement, et brode aussi sur des étoffes, parfois de plus de huit mètres de long, la figure d'une femme au chapeau, peut- être son alter ego. Claire Lancien cherche à restituer l'intériorité des êtres qui l'émeuvent. Son travail en noir et blanc, à la mine de plomb, fait surgir un monde inversé, comme un tirage en négatif. Leila Delasalle puise son inspiration autant dans les visages croisés par hasard que dans les formes expressives des pierres qu'elle glane près de l'estuaire de la Seine. Jérôme Turpin met en mots et en images les épisodes douloureux ou extraordinaires de sa vie et sa quête d'un amour parfait. Sybil Gibson peint des visages, des fleurs et des animaux de façon instinctive avec délicatesse, comme des apparitions. Édouard Cohen grave sur bois ou brosse sur la toile un monde du silence issu de ses visions nocturnes. Sébastien Proust peint des rencontres de hasard ou des amis. Il se représente lui-même parfois : Homme-serrure, Bipolaire, Petite lunaire...Il crée une galerie de personnages, entre portraits réels et portraits psychologiques.
Se promener dans la salle d’exposition comme dans un vrai musée, découvrir peintures, dessins et sculptures en 3D et écouter le conférencier présenter les cinq thèmes de la collection. Voilà ce que la galerie Art Sans Exclusion vous invite à vivre.