Un arbre se métamorphose en homme. Thérèse Bonnelalbay dessine à l’encre de Chine, dans une figuration très libre, des créatures hybrides. Tracée à l’encre noire, la ligne qui forme la plus haute branche de l’arbre nu se transforme en homme. Sur le tronc, les lignes de l’écorce dessinent un profil. Survolant cette métamorphose, des créatures lévitent. Un couple, de profil, déambule. L’homme porte une barbe. Animaux et êtres hybrides, indéfinissables, peuplent cette forêt anthropomorphe. Toutes ces silhouettes, au trait à peine esquissé, sont suspendues aléatoirement sur la page vierge, comme un griffonnage sur un carnet.

En 1963, Thérèse Bonnelalbay commence à dessiner sur des feuilles de brouillon, lors des réunions du parti communiste. Elle amorce presque machinalement le dessin de profils humains, et esquisse des arabesques végétales, avec la spontanéité et le trait haletant d’une prise de note. Elle griffe le papier de figures mutantes, aux confins de l’abstraction. Et se laisse porter par la plume, aux limites de l’inconscient et de l’écriture automatique. Ses œuvres, appréciées de Jean Dubuffet, ont été exposées lors de la grande exposition de l’Art brut en 1967 au Musée des Arts décoratifs à Paris. On les retrouve aussi dans la Collection de l’Art Brut à Lausanne, à la Fabuloserie à Dicy, au LaM de Lille-Villeneuve d’Ascq et dans la Collection Sainte-Anne.