Et vogue, vogue, mon joli bateau ! Un bateau chamarré vogue sur les flots d’une mer poissonneuse. Sur la feuille de papier au format paysage, il occupe tout l’espace. Tandis qu’en poupe tourne une hélice, à sa proue, une voile gonflée par le vent flamboie. Parmi les vagues, des poissons aux nageoires dentelées nagent dans la même direction que le bateau. Dans le ciel, resté vierge, volent deux cœurs étincelants, comme deux gros ballons gonflés à l’hélium. Tout en haut, Joseph dit Pepe Vignes signe en lettres attachées.
Ce bateau est peut-être de ceux que Pepe Vignes voyait partir pour l’Algérie. Sa poésie d’un quotidien que l’enfance n’a pas désertée est aussi celle d’une vie foraine, toujours en mouvement, sur les routes ou sur la mer. Toute la candeur et la gaieté de son œuvre est contenue dans ce dessin aux allures de grande fête sur la méditerranée. Il donne à ses dessins aux couleurs éclatantes l’entrain musette des airs qu’il se plaît à chanter et à jouer à l’accordéon dans les bals populaires. « Ça va se marier comme un grand coup de feu d’artifices » dit-il. Au sein de la collection, sont également conservés un tonneau, un poisson et une voiture. Ses œuvres sont représentées en nombre dans les collections du LaM, musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille-Villeneuve d’Ascq, ainsi que dans la Collection de l’Art Brut de Lausanne.
L'artiste s'inspire de l'actualité. Il se transforme en témoin de son temps et en conteur.
Gaston Chaissac évoque le lancement à grande échelle en France, en 1949, de la vaccination par le BCG, contre la tuberculose, imbriqué avec sa propre histoire. Christophe Baudouin dresse l'inventaire des éruptions volcaniques du Globe. Ses dessins assemblés peuvent former des suites de plusieurs mètres de long. Joseph Vignes se fait le chantre d'une modernité heureuse et colorée, où voitures, paquebots... ou gazinières, se mêlent à la faune et à la flore. Marc-François Bresson héroïse les événements médiatiques ou ceux de son quotidien, matchs de football, concerts de rock ou retrouvailles au café avec des amis. François Peeters, dans sa série Titanic, peint le naufrage en 1912 du célèbre paquebot. Il utilise la technique de la séquence pour transcrire le souvenir très fort qu'il a gardé du film épique américain produit dans les années 1990. André Robillard peint la conquête spatiale sur toile ou sur sculptures d'assemblage. Il s'entoure d'oiseaux, lorsqu'il monte sur scène pour raconter son histoire en musique, acteur de sa propre légende.
Se promener dans la salle d’exposition comme dans un vrai musée, découvrir peintures, dessins et sculptures en 3D et écouter le conférencier présenter les cinq thèmes de la collection. Voilà ce que la galerie Art Sans Exclusion vous invite à vivre.