Un oiseau à l’air ahuri nous scrute de son grand œil rond. Sur une page de livre jaunie par le temps, il se tient de profil, comme perché sur les lignes du texte. Son œil est clair et perçant, son bec fin et saillant. Ses plumes sombres, peintes à grands coup de pinceaux, sont parsemées d’éclats plus vifs et plus chauds. Mais de ce plumage jaillit une autre créature. Deux yeux tout aussi ronds se devinent. Puis une oreille, un museau se dessinent. Et le corps de l’oiseau devient tête de loup ou de mouton noir.
Comme le peintre Arcimboldo, Leila Delasalle cache parfois plusieurs images en une. Ces P’tit Lilou, sont d’étranges créatures. Des images ambiguës, parfois à double sens. Numérotés et désignés par la lettre H, parce qu’ils ont été dessinés à Honfleur, ils apparaissent sur des pages de livres d’occasion. Il peut s’agir d’un livre sur Socrate ou d’un recueil de poèmes de Paul Valéry. Peu importe la nature du texte, les P’tits Lilou engagent sur ces pages, un dialogue plus visuel que littéraire. Le texte sous-jacent leur sert de trame, d’habitat. Et à travers leur forme indéfinie et leur état transitoire, ils évoquent surtout des émotions profondes. Le Fonds Art Sans Exclusion a acquis plusieurs de ces œuvres sur papier dont trois autres P’tit Lilou, ainsi qu’un carnet réalisé à partir d’un grand livret d’échantillons de papier-peint. Leila Delasalle est lauréate EgArt 2018.
L'artiste projette sur la toile, la feuille blanche ou des supports de fortune sa perception du réel. L'œuvre devient une fenêtre ouverte sur son monde intérieur.
Madge Gill dessine inlassablement, et brode aussi sur des étoffes, parfois de plus de huit mètres de long, la figure d'une femme au chapeau, peut- être son alter ego. Claire Lancien cherche à restituer l'intériorité des êtres qui l'émeuvent. Son travail en noir et blanc, à la mine de plomb, fait surgir un monde inversé, comme un tirage en négatif. Leila Delasalle puise son inspiration autant dans les visages croisés par hasard que dans les formes expressives des pierres qu'elle glane près de l'estuaire de la Seine. Jérôme Turpin met en mots et en images les épisodes douloureux ou extraordinaires de sa vie et sa quête d'un amour parfait. Sybil Gibson peint des visages, des fleurs et des animaux de façon instinctive avec délicatesse, comme des apparitions. Édouard Cohen grave sur bois ou brosse sur la toile un monde du silence issu de ses visions nocturnes. Sébastien Proust peint des rencontres de hasard ou des amis. Il se représente lui-même parfois : Homme-serrure, Bipolaire, Petite lunaire...Il crée une galerie de personnages, entre portraits réels et portraits psychologiques.
Se promener dans la salle d’exposition comme dans un vrai musée, découvrir peintures, dessins et sculptures en 3D et écouter le conférencier présenter les cinq thèmes de la collection. Voilà ce que la galerie Art Sans Exclusion vous invite à vivre.