L’Homme-monde, bras levés vers le ciel, pleure. Son ventre est une terre, un globe terrestre, avec ses océans et ses continents. Face à lui, de profil, Amma, figure spirituelle indienne, est reconnaissable à sa longue robe blanche. A son cou, deux rangs de perles. Elle sourit à pleines dents. Entre eux s’établit un échange circulaire d’énergie. Amma arrête de sa main ouverte le flot des pensées négatives de l’homme qui pleure « Ténèbres, enfermement, colère, blessure, guerre », et de l’autre, envoie un flux de messages d’apaisement « allégresse, patience, dignité, richesse, enthousiasme ». Tous ces échanges sont matérialisés par des flèches et des chapelets de mots écrits à même la toile, comme deux grands courants contraires dans le haut et le bas de la partie gauche du tableau.

Depuis 2010, l’artiste Jérôme Turpin a entrepris une série de peintures figuratives où il se met lui-même en scène. L’homme-monde, c’est lui, personnage inconsolable, qui raconte dans une série de toiles, où mots et personnages se mêlent, la grande aventure de sa renaissance à la vie par la création et la pratique spirituelle. Le fond de la scène est matérialisé par une multitude de petits points tracés au pinceau et réalisés à la peinture acrylique argentée ou dorée. Comme dans les peintures d’icône à fond d’or, l’espace peint n’est pas un espace naturel, mais relève du divin. Amma est une figure centrale de la vie et de l’œuvre de Jérôme Turpin qui l’a rencontrée à deux reprises. Un épisode qui a profondément marqué le peintre. Elle est représentée dans de nombreuses toiles qui forment la série « Amma », dont deux autres œuvres sont présentes dans la collection, Je suis en pleurs dans les bras de Amma et Le Darshan avec Amma et Jérôme. Jérôme Turpin est soutenu par l’association Egart.